Lettre ouverte au gouvernement: L’enfermement des enfants ne se justifie pas. Jamais.

Ce vendredi 28 septembre, les 325 organisations membres de la campagne “On n’enferme pas un enfant. Point.” ont adressé une lettre ouverte au gouvernement fédéral, lui demandant de respecter l’avis du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies, qui a ordonné la libération de la famille actuellement enfermée au centre fermé 127 bis.

Monsieur le Premier Ministre,
Messieurs les Vice-Premiers ministres,
Mesdames et Messieurs les Ministres et Secrétaires d’État,

Ce 25 septembre, le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies a ordonné la libération de la famille actuellement enfermée au centre fermé 127 bis. L’Office des étrangers a refusé de respecter cette injonction, prétextant que le Comité des droits de l’enfant n’est pas compétent, alors que la Belgique a ratifié ce mécanisme de plainte en 2014. Nous en appelons à vous, Monsieur le Premier Ministre, ainsi qu’à l’ensemble de votre gouvernement : est-ce ainsi que la Belgique entend respecter les traités des Nations Unies en matière de droits fondamentaux ?

On n’enferme pas un enfant. Point.

Il y a un an, 70 organisations ont lancé la campagne ‘On n’enferme pas un enfant. Point.‘ suite à la construction d’unités de détention pour les familles sur le terrain du centre fermé 127 bis. Depuis lors, plus de 325 organisations, représentant elles-mêmes des milliers de citoyens, ont marqué leur soutien à la campagne, qui porte un message simple et fort, qu’il semble incongru de devoir répéter au XXIe siècle : On n’enferme pas un enfant. Point.

Les premiers cas de détention

Et pourtant : deux semaines avant le début de l’année scolaire, à 6 heures du matin, la police sonne à la porte d’une maison à Zwijndrecht, près d’Anvers, et y arrête une mère de 24 ans avec ses quatre enfants âgés de 1, 3, 5 et 6 ans. La mère, une femme rom de nationalité serbe mais originaire du Kosovo, était encore mineure lorsqu’elle est arrivée en Belgique il y a huit ans. Les enfants sont nés ici, n’ont jamais mis les pieds en Serbie et ne parlent que le néerlandais et le romani.

La famille est emmenée dans deux voitures séparées – imaginez la panique de la mère et de ses enfants – et enfermée dans une des unités de détention pour les familles.

Plusieurs spécialistes ont depuis lors signalé que les enfants ne vont pas bien du tout. Ils sont angoissés à cause de l’arrestation et de la détention, et le bruit persistant des avions leur cause du stress et des troubles du sommeil. Les médecins craignent l’apparition de troubles du comportement et d’un syndrome de stress post-traumatique. La fille ainée, qui devrait maintenant être en train d’apprendre à lire et à écrire en première année primaire, ne cesse d’imaginer la manière dont leur avion pourrait exploser. Leur mère ne peut pas les rassurer car elle est elle-même terrifiée par ce qui les attend, elle et ses enfants. Des rapports internationaux indiquent que les Roms en Serbie sont victimes de discriminations et d’exclusions graves, ce qui laisse craindre que les enfants n’y aient pas accès à l’éducation et aux soins de santé. Dans ce contexte, une demande d’asile a été introduite et est en cours d’examen.

Après un premier enfermement de 28 jours, qui est le délai maximum prévu par la procédure, la famille a été libérée, puis à nouveau détenue dans des conditions similaires, ce qui a accentué la détresse des enfants et de leur maman.

Deux autres familles ont depuis été enfermées dans les unités familiales. La première famille, originaire d’Azerbaïdjan, a été libérée après 17 jours à cause de l’état psychologique du premier des cinq enfants.

L’intérêt supérieur de l’enfant doit être respecté

Il y a trente ans, la Belgique a adhéré à la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant. Cette convention garantit, comme le fait la Constitution belge d’ailleurs, que dans toute décision, l’intérêt supérieur de l’enfant prime. L’intérêt de chaque enfant.

Ce gouvernement peut-il réellement dire que l’intérêt supérieur de ces enfants est respecté lorsqu’ils sont enfermés ? Quand ils ne peuvent pas aller à l’école, ne peuvent pas voir leurs amis et doivent jouer et dormir dans le bruit et la pollution des avions qui atterrissent et décollent à quelques mètres de là ?

Poser ces questions, c’est y répondre. C’est également l’avis du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies, l’organe suprême chargé de veiller au respect de la Convention relative aux droits de l’enfant. Saisi par la famille serbe, le Comité a demandé sa libération à titre de mesure provisoire afin de prévenir d’éventuels dommages irréparables pour les quatre enfants. L’Office des étrangers a répondu froidement que le Comité des droits de l’enfant n’était pas compétent, alors que la Belgique adhère à la Convention relative aux Droits de l’Enfant depuis 1992 et a ratifié le mécanisme de plainte pour violation des droits qui y sont consacrés en 2014. Est-ce de cette manière que la Belgique a l’intention de respecter ses engagements internationaux et les droits de l’enfant ?

Une page sombre de l’Histoire

Votre gouvernement a encore la possibilité de revenir sur sa position en libérant immédiatement toutes les familles détenues et en inscrivant dans la loi l’interdiction pure et simple d’enfermer des enfants. En persistant, votre gouvernement est en train d’écrire une page sombre de l’Histoire de notre pays. Souhaitez-vous qu’on se souvienne de vous comme du gouvernement qui a enfermé des enfants ?

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