Sommet sur les migrations: l'Europe ni humaine ni solidaire

A la fin de cette semaine, les dirigeants européens se réunissent en sommet pour discuter des propositions de la Commission censées répondre à la crise “migratoire” qui se déroule en Méditerranée. Il est question de mettre en oeuvre la solidarité, mais certains États rechignent à accueillir plus de demandeurs d’asile et de réfugiés. Surtout, au-delà des discours, se dessine un consensus clair pour le renforcement des politiques de fermeture des frontières. Ce n’est pourtant pas la solution. Le CIRÉ et le CNCD-11.11.11 appellent le Conseil européen à mettre en oeuvre un tout autre paradigme et lui rappellent encore que les migrants sont avant tout des êtres humains. Découvrez le communiqué du 24 juin 2015.

“Nous sommes humains”. C’est ce que nous disent les migrants et demandeurs d’asile entassés à Vintimille, à la frontière italo-française, et empêchés par les polices de ces deux États de continuer leur trajet vers un avenir plus sûr. L’Europe leur répondra-t-elle avec humanité ?

Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne se réunissent ces 25 et 26 juin pour décider de donner suite ou non aux propositions faites par la Commission européenne le mois dernier. Parmi celles-ci, l’adoption d’un plan de répartition des demandeurs d’asile au sein de l’UE à hauteur de 40.000 personnes sur deux ans, l’équivalent de 0,008 % de la population européenne. Pourtant cette mesure provoque une levée de boucliers. La Belgique estime avoir assez contribué et veut revoir la clé de répartition ainsi que le caractère potentiellement permanent du mécanisme. L’Allemagne et la France s’y opposent fortement, allant jusqu’à remettre en question un des fondements de la construction européenne: les accords de Schengen.

Face à ce manque criant de solidarité entre États membres, l’Italie menace de mettre en oeuvre un plan B en accordant des titres de séjour et des visas Schengen aux migrants et demandeurs d’asile afin qu’ils puissent circuler librement en Europe. Quelle que soit l’issue du sommet, cette solution est de loin la plus acceptable à nos yeux: la mise en place de voies légales et sûres de migration, qui tiennent véritablement compte des réalités démographiques, économiques et géopolitiques actuelles. Elle est la seule à pouvoir mettre fin à la clandestinité, aux naufrages, aux trafics des passeurs et aux dépenses inconsidérées en moyens répressifs pour renforcer la forteresse Europe.

Et cela ne fonctionnera que si l’on supprime les règles inefficaces et injustes du Règlement Dublin. Elles font peser sur les États à l’entrée dans l’Union tout le poids de l’examen des demandes d’asile et ne garantissent pas le même accueil et le même traitement à tous les demandeurs d’asile. Cette politique absurde est responsable de l’érection de murs aux frontières européennes : entre la Grèce et la Turquie, entre la Bulgarie et la Turquie, et maintenant entre la Hongrie et la Serbie.

Quand l’Europe acceptera-t-elle qu’une forteresse ne peut pas être une réponse aux besoins et aux obligations internationales de protection de milliers de personnes ? Quand comprendra-t-elle que l’immigration est loin d’être un danger, mais plutôt une nécessité pour son économie, sa diversité et sa démographie ? Il est temps de changer radicalement de paradigme pour construire un nouveau modèle de société. A la veille du sommet, nous appelons les dirigeants européens à mettre en place une autre politique en matière d’asile et d’immigration, qui soit réellement novatrice, solidaire et respectueuse des conventions internationales et droits fondamentaux des migrants.

Pour en savoir plus

Analyse du CIRÉ

Analyse du CNCD-11.11.11

Contact

Caroline Intrand, co-directrice du CIRÉ

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